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Si l’on devait faire une prochaine réforme de l’orthographe, je pense qu’il faudrait que cela soit fait par petits pas pour tendre vers une simplification de façon sûre. Quand il y a une grosse réforme, elle est souvent rejetée même si elle est très cohérente comme c’est le cas lorsque l’on veut faire une refondation.

Il faudrait donc garder le cap d’une grande réforme mais en la décomposant et en commençant par ce qui mettrait tout le monde facilement d’accord. Dans Plumons l’Oiseau, Hervé Bazin décrit le français comme un rejeton du latin dans lequel on a mis du grec pour l’écriture et souvent lorsque l’on inventait des mots scientifiques. J’y ai aussi appris qu’avant le XIIe siècle, le français s’écrivait de façon simplifiée, que femme s’écrivait f-a-m-e et  que " un b pour abé, un c pour acuser, un p pour apeler suffisaient. Téatre n’avait pas d’h, pas plus que filosofie" . Toute cette écriture simplifiée a changé sous l’effet de plusieurs facteurs :

1) la volonté de retrouver l’étymologie supposée, supposée car on a souvent rajouté des lettres qui n’y étaient pas (les exemples sont nombreux, j’en citerais peut-être dans un prochain article car ici je vais droit au but et si vous lisez bien le français, vous ne prononcez aucun t dans cette expression)

2) le fait que les scribes du Moyen-Age étaient payés à la ligne et rajoutaient donc des lettres muettes en dehors du contrôle de l’autorité du seigneur (illettré) ou de l’Eglise et de l’Université qui ne s’intéressaient pas au français, mais seulement au latin.

3) les tentatives de simplification de l’orthographe ont systématiquement échoué pour diverses raisons tout aussi absurdes les unes que les autres : l’ignorance des décideurs, la force d’inertie, l’enterrement des réformes…

Avec un « collègue », nous avons discuté de la possible évolution du français vers un néofrançais sous l’influence des locuteurs africains du français qui utiliseraient une version plus régulière du français sous l’effet de l’apprentissage « imparfait » du français, du fait du niveau imparfait du français des professeurs par exemple, ou de l’impossibilité pour ceux-ci de transmettre parfaitement leur modèle faute de temps. Viendrait ensuite (processus long) la reconnaissance internationale de ce français à la place du nôtre du fait du nombre élevé de locuteurs.

1) déshelléniser

Nous pourrions prendre les devants. Ma première proposition pour simplifier l’orthographe, serait de « déshelleniser » le français en se basant sur une cohérence latine en dernier ressort. Ainsi, on pourrait enlever certains doublons d’écriture pour la prononciation :

ph -> f

ch -> k (ou c) (lorsque le ch se prononce /k/),

th -> t (le th ne se prononce jamais comme le th anglais, mais toujours t, alors pourquoi garder le h)

L’écriture est un outil, pas un but en soi.

Un autre moyen par lequel l’écriture pourrait se simplifier est en cours : comme je l’avais déjà expliqué dans un précédent article, le nombre d’heures de français par semaine à l’école primaire et au collège a quasiment diminué de moitié entre 1923 et aujourd’hui. Si l’on conjugue cela à l’usage des textos, peut-être arrivera-t-on à une simplification de l’orthographe par oubli progressif de la norme ? C’en est presque souhaitable. Il suffirait de continuer ainsi et de ne pas trop reprendre les élèves. L’orthographe se régulariserait d’elle-même.

L’orthographe pourrait être un ensemble de règles de prononciation qui, une fois apprises, permettraient d’écrire et lire tous les mots que l’on prononce sans exceptions (on passe des centaines d’heures à les apprendre). Cela paraît dingue tellement cela devrait être le cas.

2) enlever les doublons

Une deuxième étape pourrait être de supprimer les doublons de prononciation.

Pourquoi ne pas simplifier :

o, au, eau par le son o ?

k, c, ch par c ou k

et inversement : pourquoi le premier e de brouette se prononce è et le deuxième ne se pronoce quasiment pas ?

Il y a du boulot… la règle serait en tous les cas de tendre vers : un son, une lettre et inversement. Les Italiens ont bien réussi, pourquoi pas nous. On pourrait commencer par étudier les réformes de l’ortografe qui ont réussi et voir comment ils ont surmonté les obstacles de sa mise en œuvre.

3) supprimer les lettres que l’on ne prononce pas

La troisième étape pourrait être de supprimer toutes les lettres que l’on ne prononce pas distinctement :

Distinct -> distin

enfants et parents -> enfans et parens (suivant l’ancienne ortografe ; on pourrait garder le s dans un premier temps)

dompter -> domter ou donter. (Ca déstabilise au début, mais l’oreille fait bien la différence…)

 

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Tag(s) : #Réflexions sur le français, #linguistique générale
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