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En France, beaucoup de films sont réalisés et sont de bonne qualité. Malheureusement, ce ne sont pas souvent ces films pour lesquels on fait de la publicité, et c'est dommage, on passe parfois à côté de pépites. Si Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain a eu une reconnaissance mondiale, je m'étonne que d'autres films n'ait pas eu le même fabuleux destin. Enfin, j'ai souvent lu que le film de Jeunet renvoyait l'image idéalisée de la France à l'étranger sans forcément recouvrir la réalité.

 

Pour ceux qui veulent connaître un peu mieux la réalité de la France, je vous invite à découvrir deux films avec l'acteur Jacques Gamblin. Cet acteur n'est pas une "superstar", vedette à paillettes que chasse les Paparazzi. C'est un acteur discret, humain et qui ne m'a pour l'instant jamais déçu dans le choix de ses films. Pour ceux qui visitent ce blogue, que je ne vous fasse pas perdre de temps : je n'aime généralement pas les films d'action (Taxi), les films inutilement violents, idiots ou caricaturaux (Le Boulet, Les Petits Mouchoirs, voir ma chronique assassine). Je préfère les films réalistes, fins, qui montrent la vie de façon nuancée, dans lesquels on apprend quelque chose sur la nature humaine. Voilà donc ce dont je vais parler. J'essaierai de vous faire découvrir Jean-Pierre Bacri, Daroussin ou encore Daniel Auteuil.

 

Le Premier Jour du Reste de ta Vie (2008)

Commençons donc par Jacques Gamblin et à mon avis l’un des meilleurs films du cinéma français que j’ai vu : Le Premier Jour du Reste de ta Vie. Ce film est une pépite !

Le titre évoque une chanson d’Étienne Daho, chanson qui paraphrase avant l’heure François Hollande et son « le changement, c’est maintenant ». Chaque journée peut-être un nouveau commencement et ce film montre justement ces moments qui marquent des changements irrémédiables dans la vie d’une personne ou d’une famille. On y suit donc une famille de cinq personnes, des parents et leurs trois enfants (Fleur, Raphaël et Albert) sur cinq moments qui ont marqué la vie de chacun. On assistera ainsi à l’arrivée de l’ainé dans son appartement d’étudiant, découvrant la joie de pouvoir enfin mettre le groupe Téléphone à fond mais qui doit composer avec sa voisine, on assistera également au concert désopilant d’ « ‘air guitar » du deuxième avec qui le père partage sa passion du rock, à la crise de la cinquantaine de la maman, à la façon dont la jeune Fleur vit la mort de Kurt Cobain et ses premiers amours, aux rapports difficiles du père avec son propre père (et pourtant…!). Il est difficile de restituer la qualité de l’ambiance du film sans le montrer, mais pour donner une idée, on peut dire que ce film retrace la vie et les épreuves d’une famille de français moyens qui traversent les années 80 et 90. C’est vraisemblable, c’est humain, c’est touchant et je le recommande chaudement.

 

Le Nom des Gens avec J. Gamblin (2010)

Vu complètement par hasard, ce film mérite également le détour.

Voici le résumé écrit sur wikipedia :

« Bahia Benmahmoud est une pasionaria des temps modernes. Adepte de la méthode baba cool, elle fait l’amour plutôt que la guerre et couche avec les hommes de droite qu’elle croise pour les faire changer d’opinion, se définissant elle-même comme une « pute politique ». Cette méthode porte ses fruits jusqu’au jour où elle rencontre Arthur Martin, qu’elle classe immédiatement comme un fasciste potentiel en raison de son discours sur le principe de précaution et la grippe aviaire, qu’elle qualifie de paranoïaque, mais aussi de son homonymie avec un fabricant d’électroménager. Elle réalise néanmoins son manque de discernement (Arthur est socialiste et grand fan de Lionel Jospin) et se rend compte progressivement qu’elle est attirée par lui. »

Au delà de cette histoire, on voit deux grands sujets de de préoccupation ou de crispation dans la société française abordés dans ce film : l’immigration maghrébine et la Shoah. Jacques Gamblin incarne un homme travailleur, discret, réservé qui évite les vagues de la vie. Ses parents ont déployé leur énergie dans les domaines techniques de la vie pour éviter de devoir gérer le douloureux passé lié à la Seconde Guerre Mondiale et au judaïsme. Le non-dit pèse sur ces travailleurs honnêtes qui ont tout fait pour enterrer leur passé.

A l’opposé, Bahia vit de façon exubérante et a un avis sur tout. Le non-dit lui est étranger, et son corps est son arme pour « convertir » les hommes de droite ou tous ceux qu’elle classe parmi les fachos. Mais ça, c’est le tableau caricatural et un film simpliste s’arrêterait là. On découvre une vérité plus amusante… et complexe : lorsqu’il s’agit pour elle de gérer les tracas du monde matériel et de respecter certains codes de communication, c’est la catastrophe : une rencontre en supermarché lui fait oublier pourquoi elle est là, et elle se retrouve sein nu sans même s’en rendre compte. De par ses origines algériennes, elle est à la pointe de l’anti-racisme, mais ne parvient pas à comprendre pourquoi son père qui pour elle est un génie et a tant été humilié, pourquoi ce père ne s’énerve jamais contre ces fachos qu’elle voit, pourquoi il reste toujours discret.

Ce film montre avant tout la rencontre de Bahia et d’Arthur Martin mais c’est la rencontre de leurs parents, de leur passé et de leur histoire qui éclairent tout et qui restituent de façon pertinente la complexité de notre société française et de son lien avec le passé. La mère (française) de Zahia s’énerve face au père (français) d’Arthur qu’elle trouve facho et raciste mais le père algérien de Zahia a des affinités déconcertantes avec le père d’Arthur lorsqu’ils se mettent à parler électroménager. On aurait pu s’attendre à ce que ce soit lui qui ait de la rancœur de par son histoire personnelle. Symétriquement, Zahia tente de s’intégrer dans la famille d’Arthur et fait tout pour éviter d’évoquer la Shoah, ce dont elle est à peu près incapable de par son caractère. On retrouve ici la difficulté de la société française ou de la gauche bohème pour aborder ce thème douloureux. Cela donne lieu à quelques petits moments d’anthologie de l’humour ! Là où ce film est très fort, c’est qu’il aborde les a priori bien intentionnés de la gauche face à la Shoah et leur donne une sorte de « solution » par l’exemple, et cela, toujours avec humour. Il présente par la même occasion une belle histoire d’amour, déconcertante par le caractère diamétralement opposé des deux membres de ce couple, mais en fait mystérieusement complémentaires.

Tag(s) : #Films
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