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Quand on s'intéresse à la francophonie comme moi, on ne peut éviter de connaître l'histoire de la colonisation car le développement de la langue française hors des frontières s'est fait par le commerce, les guerres et donc la colonisation, même s'il s'est aussi fait par le rayonnement de ses intellectuels, de sa musique, de ses inventeurs et artistes en tout genre.

 

Je pense donc que ce site ne serait pas complet sans quelques précisions et clarifications sur ma conception de tout cela.

 

Découverte de la francophonie

 

Quand je surfe sur la toile, j'aime bien savoir ce qui se passe ailleurs, pourquoi des gens parlent français en dehors de son petit pré-carré. Ainsi on découvre qu'environ 200 000 personnes parlent français en Louisiane et on découvre l'histoire de l'exploration du Mississipi et la culture cajun, le grand dérangement aussi. On entend parler des québecois et on découvre l'histoire des pêcheurs basques au large des côtes de Terre-Neuve et  l'histoire des explorations de Champlain et autres.

 

Avec l'histoire de l'Afrique et de l'Asie, on découvre des explorateurs, des commerçants, des missionnaires, des militaires. Et là on découvre une histoire plus ambigüe. Si la colonisation de l'Amérique du Nord semble avoir été "relativement" pacifique (en tout cas par rapport aux massacres des espagnols et des anglais / américains, et ce, d'autant plus que peu de français voulaient émigrer à l'époque), on peut y croire pour l'Afrique jusqu'à ce que l'on lise l'histoire de la décolonisation de l'Algérie, puis que l'on apprenne les répressions sanglantes qui ont eu lieu en Madagascar par exemple, et que l'on remonte le fil de l'histoire pour voir la genèse de la colonisation.

 

Que d'histoires qui se sont faites contre les peuples !

 

Une histoire pas toujours rose !

 

La colonisation est une histoire qui cristallise beaucoup de petites histoires. Ainsi pour certains, la colonisation n'était que l'aboutissement d'accords commerciaux : on signait des accords de commerce, on sécurisait ces accords par une présence militaire, des traités de protection, etc... et au final un territoire se retrouve sous administration française ou autre. Pour d'autres, la colonisation, c'est l'arrivée d'un savoir-faire : des routes, des hôpitaux, des missionnaires. Je ne dis rien de bien nouveau. Cette colonisation s'est parfois faite par accords, traités, d'autres fois non. Certains pays avaient voté contre l'indépendance de leur pays mais De Gaulle leur a accordé quand même et ceux qui l'ont voulu l'on eue.

 

Je ne suis ni idéaliste ni fier de la colonisation : j'avais eu une discussion avec un ami qui me disait que la colonisation avait pillé l'Afrique et l'Algérie notamment. J'étais arrivé avec des arguments contraire, chiffres à l'appui mais finalement le débat n'est pas là. Mon ami ne pouvait pas reconnaître que la colonisation avait pû améliorer les conditions de vie de personnes colonisées car cela aurait été avoué que la colonisation était bonne, et moi je ne pouvais renier ce que j'avais lu. Seulement, le problème de la colonisation n'est pas matériel. Le problème sous-jacent au concept de colonisation est que cela se fait contre la volonté des gens : c'est un viol, une agression. Peut-être que cela a pu améliorer les conditions de vie de certaines personnes colonisées ou même ce serait de toutes, cela ne changerait rien : améliorer la vie des autres ne se fait pas contre la volonté. Après, l'histoire de la colonisation a des nuances : il y a une des colonisations douces avec adhésion de peuples, des colonisations violentes avec soumission.

 

Bon, je résume très brièvement une histoire complexe et longue que je ne connais que par un petit bout, et qui n'est ni totalement blanche ni totalement noire. Je ne cherche pas à excuser ou expliquer.

 

Des blessures à panser

 

A panser et à penser je devrais dire ! Je sais qu'un jour, il faudra revenir sur notre passé. Il ne s'agit pas de s'excuser éternellement de ce que la France a fait et dont je ne suis pas responsable en tant qu'individu. Mais je fais partie de cette histoire. Un jour, je sais qu'il faudra que notre ou nos représentants demandent ce que l'on nous reproche aux représentants d'autres pays, qu'on l'entende et le reconnaisse. Pas en tant qu'individu : il n'y a sans doute pas d'autres anciens pays colonisateurs où les gens reconnaissent autant le mal de la colonisation. Seulement, ce sont toujours les gens pris dans leur individualité et trop peu souvent l'état.

 

Il ne s'agit pas de s'excuser à tout va, aveuglément. Seulement d'entendre ce que l'on peut nous reprocher, un peu comme un cahier de doléances, de le reconnaître quand cela est vrai et de s'excuser. Il faut dissocier les questions morales et les questions d'argent. Il ne s'agit pas de compter les dégâts qui ont été faits pour demander réparation car sinon le débat ne sera jamais clos : on peut toujours arguer des effets positifs de la colonisation et on trouvera des arguments, on peut aussi trouver des raisons pour attribuer tous les malheurs du monde à la colonisation du fait que cela a touché tous les pays de près ou de loin.

Seulement, cela ne pansera pas les blessures de l'histoire (car tout le monde estimera que ce n'est pas assez), cela les entretiendra. Et il faudra bien un jour s'asseoir à la table de la réconciliation et de l'amour des peuples (rien que ça !)

 

Malheureusement pour la France, je crois que c'est l'un des pays qui a suscité le plus de rêves d'égalité à travers le monde et que la déception est à la mesure des espoirs.

 

Ce qu'il faut bien comprendre pour un étranger, notamment pour les gens qui ont eu leur pays colonisé, c'est que les français de maintenant, pour beaucoup, n'ont aucun problème avec ce passé, le condamnent ou n'y pensent même plus, mais que pour d'autres, la colonisation évoque un souvenir douloureux, l'impression que leur pays a une dette envers le monde et que l'évocation de l'histoire coloniale est et sera toujours liée à la demande d'excuses et de justifications, sachant que l'on aura toujours tort, que cela n'est pas justifiable. C'est une histoire dure à assumer pour certains, ce qui pousse parfois à minimiser les effets négatifs, à défendre des aspects positifs de la colonisation comme pour dire : "mais arrêtez, on n'est pas si méchants que cela quand même !".

 

Ma Francophonie

 

En ce qui me concerne, je me réjouis toujours de savoir que dans d'autres pays on parle le français, c'est comme ça. Que d'échanges intéressants avec des gens du bout du monde (tunisiens, malgaches, RDciens) grâce à cette langue en commun.

 

Mais en aucun cas je ne voudrais que des gens apprennent le français contre leur volonté ou qu'un peuple doive l'apprendre contre sa volonté. En Algérie par exemple, on voit que le deuxième pays francophone après la France veut arabiser tout son système scolaire et fait tout pour faire perdre ce capital linguistique dont ils disposaient. La population n'est pas toujours d'accord mais c'est néanmoins ce qui a été décidé. Economiquement, je me dis que c'est un mauvais choix mais historiquement je le comprends. C'est comme une fierté blessée que l'on essaie de retrouver.

Le Rwanda veut ajouter au système français / kirwandais la langue anglaise. Je sais que cela est le fruit de rancoeurs contre la France et cela m'attriste mais c'est un choix. Je sais qu'il y a des raisons économiques, politiciennes, etc... mais quand bien même. Nous ne sommes pas là pour pour décider pour les autres et si la Terre entière décide de se mettre à l'anglais pour nous punir collectivement de la colonisation, ou d'être les plus grands grèvistes de la planète, d'avoir les 35 heures, etc... je respecterais ce choix.

 

 

En effet, je ne veux pas que parler le français soit vécu comme une obligation d'ancien peuple colonisé ou je ne sais quoi d'autre. Et si parler anglais permet à des gens de se sentir mieux, j'en serais content. Nous ne sommes pas là, en tant que français, pour décider pour les autres, même si on se sent toujours un peu plus fier quand l'on voit que notre langue est partagée par tant de gens. Mais cette fierté n'est là que si la personne en face la partage et non pas si cette personne se sent contrainte de parler français. Bien sûr, je peste individuellement dans mon coin contre tous ces gens qui préfèrent l'anglais au français, c'est un réflexe naturel, c'est l'histoire du monde depuis 100 ans et c'est ma langue. On a parfois l'impression que c'est un concours d'amour : on va punir la France en parlant anglais (mais même les dirigeants français le font). Pourquoi ? mystère.

 

Si j'ai un combat, c'est un combat au sein de la France. On a tendance en France à s'occuper du monde entier, ça part d'un bon sentiment, mais on en oublie son propre pays. On peste contre ces pays qui préfèrent l'anglais mais on oublie de défendre le français là où notre avis est légitime. Mon combat, c'est donc par exemple que des publicités écrites par des français par des français soient... en français  ; oui je sais ça paraît idiot, mais comme ce n'est pas toujours le cas. Mon combat, ce n'est pas que les gens arrêtent de dire "cool" "week-end" ou "mail" mais que l'on oblige les télévisions, journaux, et autres organes officiels, publics, etc... à être vigilant sur l'utilisation de l'anglais sous peine de sanction. Cela serait peu de choses, mais cela changerait la vie. On croit que l'invasion de l'anglais, c'est dans l'air et que l'on n'y peut rien, quand en fait c'est juste sur un mur ou dans une annonce à la radio.

 

Je ne suis pas contre l'anglais, j'adore plein de choses liées aux Etats-Unis, à l'Irlande surtout (j'y ai vécu longtemps) et à l'Angleterre, mais je n'aime pas que cela nous envahisse en France dans notre vie de tous les jours. Et j'ai trop l'impression que c'est le cas et je pense que beaucoup de personnes partagent mon point de vue. Que le mouvement vers la culture américaine ou anglaise soit permise et possible mais pas imposé et subi. Au fond, on est tous les colonisés de quelqu'un ! Je souhaiterais faire un article sur le mouvement de résistance linguistique au Québec pour montrer qu'ils ont bien moins l'attittude d'un peuple colonisé que nous ; malgré leur voisinage, ils ont su préserver une singularité et une fierté admirable !

Tag(s) : #Présentation du cybercarnet
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