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Laurent Fabius demande à ce que l'on lui parle français

 

Le site ami de l'ALF a attiré notre attention sur une intervention de Mr Laurent Fabius. Vous pouvez écouter le passage à partir de 12'53 qui voit Laurent Fabius appeler le journaliste de l'Associated Press qui se présente à faire son intervention en français. Un petit moment de plaisir qu'il ne faut pas bouder. 

 

Commentaire : les journalistes de langue anglaise peuvent être habitués à poser leur question en anglais dans la mesure où la personne à laquelle il s'adresse parle l'anglais. L'enjeu est cependant ailleurs : un représentant de la France signifie le respect qu'il est en droit d'attendre du journaliste (pour lui et pour le pays qu'il représente) en lui enjoignant d'utiliser sa langue plutôt que de jongler pour s'adapter à la langue du journaliste, faisant ainsi passer le message implicite que la France est un satellite de la communauté linguistique du pays que représente le journaliste (Etats-Unis). Le journaliste doit donc s'adapter au représentant du peuple français plutôt que l'inverse. En revendiquant l'usage de sa langue, Laurent Fabius signifie donc l'indépendance de notre politique et l'autonomie de nos décisions. C'est un message fort qui doit inspirer nos nombreux représentants partout où ils sont (François Hollande l'a lui même montré à plusieurs reprises).
Au passage, puisqu'il est question de l'intervention française au Mali, notons avec intérêt et satisfaction ce que la télévision montre de la France et du français au Mali. Les Maliens sont majoritairement favorables à l'intervention française, il n'est pas question de néo-colonialisme mais d'aide à un pays ami pour protéger son intégrité, et que de nombreux Maliens interrogés par la télévision s'expriment en français, dans un français impeccable pour les représentants (ministre des affaires étrangères, président, maires), dans un français très correct pour les quidams interrogés au coin de la rue. Cela illustre bien les progrès du français dans ce pays, progrès soulignés dans le dernier rapport de l'OIF.
Petit détour sur le concept de Françafrique

Je pense que cette intervention marque un tournant dans la perception de la Françafrique, concept qu'il faudrait faire évoluer pour enfin décrire le réel. Il est certain que la France a d'immenses intérêts économiques en Afrique. Elle en a également dans d'autres pays du monde (Allemagne, Chine, etc...) sans être taxée de néo-colonialisme ou sans que l'on évoque un phénomène s'apparentant à la Françafrique. C'est que le poids de l'histoire a joué, et que jusqu'ici, une entreprise française qui travaille dans un pays africain est forcément exploitatrice. Néanmoins, on constate qu'actuellement, les taux de croissance des pays d'Afrique noire s'envolent (même s'ils partent de bas) et que les entreprises françaises participent à cette envolée sans en être les uniques bénéficiaires (dans le style esclavagiste...) : il y a des retombées pour le pays et sa population. Je pense qu'il est temps de faire évoluer les perceptions : nous avons des relations commerciales avec de nombreuses ex-colonies, nous avons de nombreuses entreprises installées là-bas, des Africains qui vivent en France et vice versa. Nous sommes nous-mêmes contents lorsque des entreprises étrangères investissent en France (Toyota par exemple), c'est pour gagner de l'argent, et c'est normal (qui travaillerait pour en perdre) mais cela contribue à donner de l'emploi et à développer des territoires.
Je rappelle ces évidences pour montrer qu'en Afrique on peut voir la présence de la France comme cela si l'on arrive à mettre de côté le passé et si l'on se tourne vers l'avenir. L'Afrique se développe à grand pas, et il est bon que la France y investisse et apporte son savoir-faire. Nous avons de plus l'avantage de parler la même langue, et cela ouvre de nombreuses possibilités. J'en ai déjà parlé, mais il faudrait développer davantage la coopération universitaire avec les pays d'Afrique francophone : possibilité d'y faire une partie du cursus, mise en place d'un ERASMUS francophone, politique de facilitation d'obtention des visas pour les chercheurs et les étudiants d'Afrique francophone, etc... Il vaut mieux se concentrer sur ce qu'il y a à faire de positif dans le futur plutôt que de chercher inlassablement les causes anciennes de nos malheurs, comme si nous étions prisonniers du passé à jamais. La colonisation a été reconnue comme une erreur, on l'apprend à l'école. Maintenant, il faudrait changer de chapitre et penser l'avenir. La Françafrique pourrait être redéfinie de façon positive comme un espace privilégié de développement économique et de communauté linguistique. Il y a une réalité qui existe déjà, de nombreux Français ont des origines africaines, de même que de nombreux Français ou descendants de Français vivent en Afrique. La Françafrique est donc aussi une réalité humaine, avec des échanges, des rencontres, des expériences humaines, même si le nom est connoté négativement. Peut-être pourrait-on donner un nouveau nom à cette réalité, y réfléchir, et trouver des idées pour consolider ces liens et les faire fructifier pour le bien de tous ! En somme, se concentrer sur le positif de la Françafrique pour l'améliorer et mettre derrière nous le négatif. Il y a la possibilité de bâtir une grand espace culturel et économique francophone ; des choses sont déjà faites, mais ce n'est pas suffisant !
Arrêt des émissions de Canal Académie

Deuxième nouvelle qui n'a rien à voir. Mme Claire Boyer nous signale la disparition de la radio de Canal Académie, la radio internet de l'institut de France. Ce site est pourtant une référence incontournable de la culture francophone et propose des émissions de qualité téléchargées de  nombreuses fois (5 millions de téléchargement d'émissions l'année dernière). Sachant le temps qu'il faut pour qu'un site s'organise, se fasse connaître et rencontre son public, il paraît étonnant que l'on coule quelque chose qui fonctionne. Voir à ce sujet l'article de Mme Claire Boyer.
Lecture

Pour ceux qui ont déjà lu mon article sur la baisse du niveau de maîtrise de lecture et d'écriture en primaire, et de mon interrogation sur la pertinence d'y mettre des cours d'anglais en piochant dans les horaires de français, je vous invite à lire cette brochure du SNALC (un syndicat d'enseignants) à la page 8. Voir les 2ème et 3ème points.
Tag(s) : #Données sur la francophonie
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