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Voici un petit sujet à méditer. Considérez l’utilisation du concept « sous vide d’air » dans les phrases suivantes. Différence si l’on lit :

  1. Emballage airless.

  2. Emballage airless (sous vide d’air).

  3. Emballage sous vide d’air (ou « airless »)

  4. Emballage « airless » (mot anglais signifiant « sous vide d’air »).

  5. Emballage sous vide d’air (vous pouvez rencontrer « airless », mot anglais).

  6. Emballage sous vide d’air (les anglophones disent « airless »)

  7. Emballage sous vide d’air (les anglophones disent « airless », de « air » : air et « -less » : sans)

  8. Emballage sous vide d’air.

Je les ai classées dans un ordre « croissant ». Je trouve que selon les phrases, l’implicite n’est pas du tout le même. Dans la phrase 1), on présuppose que le lecteur sait ce que veut dire « airless », et que l’on n’a pas besoin de lui expliquer que cela vient de l’anglais et comment le sens est porté. Ou pour ceux qui ne parlerait pas anglais, on présuppose qu’ils devraient le parler.

Dans la phrase 2, on se dit que peut-être le mot airless n’est pas connu de tous et on explique le concept. Mais la façon dont le mot est utilisé dans son contexte laisse supposer que airless est un mot relativement courant de la langue française.

De par ces sept phrases, je trouve que cela met en évidence que l’utilisation du contexte n’est pas neutre. Si l’on parle d’emballage « airless », cela suppose que le lecteur sait ce que cela veut dire. Cela suppose donc qu’il accepte ce mot comme partie intégrante du français, qu’il sache ou non que ce mot est anglais. L’auteur suppose donc que son lecteur parle anglais ou qu’il est familier avec tous les mots anglais que l’on peut rencontrer au milieu d’une phrase. Je vous laisse méditer sur les phrases suivantes. Je remarque simplement que selon les personnes qui écrivent dans les journaux ou sur le net, qui parlent à la radio, etc… on n’aura pas le même ressenti concernant le fait que ce mot s’utilise en français ou pas (la première phrase laisse penser que le mot est français quand bien même le suffixe -less est anglais). L’utilisation de termes anglais dans le contexte 1 ou 2 fait donc entrer directement certains mots anglais en français tandis que les phrases 4 et 5 traduisent le concept tout en impliquant que l’on peut rencontrer le mot équivalent anglais non traduit.

Bien sûr, certains mots tels « week-end » ou « T-shirt » sont effectivement rentrés dans la langue française tellement leur utilisation est répandue. Cependant de nombreux mots se répandent dans la langue car les personnes qui les utilisent ne font pas l’effort de traduire le concept (parce qu’ils n’ont pas le mot équivalent qui leur vient à l’esprit ou parce qu’ils ne veulent pas faire l’effort de le trouver pour ne pas casser la fluidité de leur propos). Le problème que je vois à cela, c’est que l’on utilise des termes qui ne sont pas transparents pour le locuteur lambda. On fait se côtoyer des mots avec des racines d’origines différentes tels hippocampe, airless et hamburger (j’ai vu un restaurant « Les 3 brasseurs » qui proposait un « hambourgeois » !). Cela complexifie la langue même si certains suffixes, préfixes, etc… deviennent « productifs », c’est-à-dire qu’ils sont tellement intégrés dans la langue qu’on les utilise pour former naturellement de nouveaux mots. Ainsi, à partir du -el de logiciel, on a construit courriel, pourriel… De même, l’inversion de l’adjectif et du nom en anglais a permis à Ségolène Royal de parler de « Positive attitude. »

Je trouve l’examen de ces phrases très instructives, vous me direz ce que vous en pensez.

 

Tag(s) : #Réflexions sur le français
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